1429, Jeanne d'Arc et Charles VII
Le sacre du roi Charles VII à Reims le 17 juillet 1429 résonne comme l'aboutissement du parcours de Jeanne d'Arc. Il devait faire oublier toutes ces années de honte depuis le traité de Troyes. Mais Il n'en était rien. Il faudra encore attendre vingt-quatre longues années de guerre avant que ne sonne la fin de la guerre de Cent Ans.
Suite à ce jour mémorable, le convoi prend la direction de l'abbaye de Saint-Denis où le roi souhaitait loger. Jusqu'à la fin août, plusieurs villes picardes seront reprises par les Français : Soissons, Crécy, Château-Thierry, Senlis et plusieurs autres.
Du 5 au 10 septembre a lieu le siège de Paris. Le 8, pendant l'assaut de la porte Saint-Honoré, Jehanne est blessée, probablement légèrement. La capitale est occupée par l'Anglais et son allié Philippe, duc de Bourgogne, dit « le Bon ». Dès le 10, tout le monde se replie à Saint-Denis que Jehanne quitte le 12. Enfin, elle rejoindra l'armée royale le 13 à Lagny.
Jeanne d'Arc à l'assaut de Paris
Martial d'Auvergne, Vigiles de Charles VII
Paris, BnF, département des Manuscrits, Français 5054, fol. 66v.
Chevauchée de Jeanne dans la grande Sénonie
Dans la soirée du 13, Provins est en vue. Après avoir délogé la garnison anglaise, elle entre dans la ville qui réserve un accueil favorablement au roi. Avant son départ, Jeanne entend la messe à la collégiale Saint-Quiriace.
Le 14, Bray l'accueille. La cité possède le seul pont sur la Seine non occupé par l'ennemi.
Nous arrivons en vue de Sens, et je laisse Maurice ROY continuer le récit du voyage :
« Jehanne arrivait dans la soirée du 15 septembre par Sergines sous les murs de Sens non loin de l'abbaye Sainte-Colombe, devant la porte Saint-Didier. Mais la cité fermée depuis 10 ans, se trouvait toujours sous la domination anglaise ... »
Andrée MIGNARDOT dans son ouvrage sur Michery précise :
« le 15 septembre, le cortège passe à Sergines et s'engage sur le territoire de Michery en empruntant « le petit chemin Péré », encore appelé « le vieux grand chemin de Bray à Sens »
Une plaque posée sur l'église Saint-Didier de Sens hors les murs, rappelle cette page d'histoire :
cliché de l'auteur
« Jeanne d'Arc, retournant de Senlis vers la Loire, est venue le 16 septembre 1429 à la porte de Sens. La garde anglaise ayant refusé le passage, elle franchit l'Yonne a gué un peu au-dessous de la ville ».
Il faut noter que l'association johannique et le comité des fêtes du 500e anniversaire en 1929 n'avait pas souhaité faire figurer une défaite de Jeanne, et qui plus est, devant Paris. En revanche, Senlis était une victoire acquise le 16 août.
Jeanne d'Arc dans la cathédrale de Sens
photo de l'auteur
Le cortège traversa la rivière d'Yonne au « gué de Ronchevaux » situé entre Sainte-Colombe et le village de Saint-Martin-du-Tertre. Odoranne, moine et érudit de l'abbaye Saint-Pierre-le-Vif de Sens au XIIe siècle, parlait déjà dans ses écrits de ce passage sur la rivière. De l'autre côté, les contreforts du Gâtinais attendaient le convoi qui prit la direction de Courtenay, Château-Renard, Montargis puis de Gien sur la Loire où il arriva le 21.
Le bulletin n°4 de la Société d’Émulation de l'Arrondissement de Montargis de 1923 précise en parlant de l'une des portes de sa ville close :
« Jeanne d'Arc passa quatre fois sous cette porte : le 28 février 1429, allant à Gien pour se rendre à Chinon ; le 28 juin 1429, allant au sacre de Reims ; le 18 septembre de la même année, au retour du sacre, et dans les premiers jours d'avril 1430... ».
Le 3 septembre 1428, Jean Dunois, compagnon de Jeanne, avait battu Warwick à Montargis. Dans la première partie concernant le siège de Sens en 1420, nous avions fait la connaissance du sire de Guitry alors commandant et gouverneur de la place. C'est ce partisan de Charles VII qui sera choisi pour reprendre les rênes de la cité. Il offrira en 1429 un gîte sûr au convoi royal.
Vitrail dans l'église de la Madeleine de Montargis
Charles VII et Jeanne d'Arc à Montargis le 19 septembre 1429
Suivant le témoignage de Monstrelet, l'escorte de Jehanne et de Charles VII, ce jeune roi de vingt six ans, était particulièrement brillante :
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le connétable Arthur de Richemont, duc de Bretagne et de Touraine, qui avait épousé six ans plus tôt Marguerite de Bourgogne, fille ainée de Jean sans Peur !
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Charles d'Anjou, comte du Maine, beau-frère et grand favori du roi,
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Jean Dunois, dit « le bâtard d'Orléans »,,
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Bernard d'Armagnac, marié à Éléonore de Bourbon, duchesse de Nemours,
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Charles d'Albret,
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et bien d'autres nobles et puissants barons ...
Une estimation, toute personnelle, réalisée suite à de nombreuses lectures, porterait son armée à environ 10 000 hommes au début de 1429. Tout porte à croire que ce nombre est à diviser par 2 ou 3, peut être plus, à la fin de la dite année, lors du licenciement du reste de la troupe à Gien par le roi Charles VII.
Ouvrages consultés
1/ COUGET Henri (chanoine), Jeanne d'Arc devant Paris, édition Spes à Paris, 1925
2/ GALLO Max, Jeanne d'Arc, XO édition, 2011
2/ MIGNARDOT Andrée, Histoire d'un village du nord-sénonais Michery, éd. Chevillon à Sens, 1996
3/ MONSTRELET Enguerrand de, Chroniques de Monstrelet, 1400-1444 avec notice biographique et littéraire par J.A.C. Buchon. édition Buchon, 1875
4/ PARAT Alexandre (abbé), Jeanne d'Arc dans les pays de l'Yonne, BSSY, tome 64, 1910
5/ ROY Maurice, La chevauchée de Jehanne d'Arc, Bulletin de la Société Archéologique de Sens, tome XXXVIII, 1936
Site remarquable
Société d’Émulation de l'Arrondissement de Montargis (SEM)
http://gatinais.histoire.pagesperso-orange.fr/
A signaler
2 magnifiques revues d'histoire sont consacrées à Jeanne d'Arc :
1/ la Nouvelle Revue d'Histoire, H.S. N°5 automne-hiver 2012 a pour titre « 1412-2012, Jeanne d'Arc, Une passion française », pour le 600e anniversaire de sa naissance le 6 janvier 1412.
2/ « Jeanne d'Arc et la guerre de Cent Ans » n°3 de novembre, décembre, janvier 2013.