Dans les premiers siècles de notre ère, les mosaïques constituaient un signe de prospérité économique. Elles ornaient les thermes, les temples et certaines villas en particuliers les salles de réception, les salles à manger,.et les salles de bains. Vitruve en parlait déjà au 1er siècle avant J-C.
Elles ont fait leur apparition à Sens Agendicum dans le courant du 1er siècle après J-C avec la construction de la nouvelle ville romaine. Toutes celles retrouvées depuis un siècle et demi sont tout à fait splendides, mais je souhaiterais vous présenter celle qui, à mon avis, présente la plus grande originalité.
Elle est datée du IIIe siècle. C'est d'un ensemble rectangulaire de 11 mètres sur 9, et composé de 35 compartiments carrés. Cette mosaïque est encadrée d'une bordure de rinceaux (a) de lierre, entremêlés de fleurs polychromes, le tout sur fond blanc. Les Musées de Sens conservent un morceau de cette bordure.
(a) rinceau : ornement en forme de branchages enroulés présent en architecture, en mosaïque, et en peinture
Le motif central représente une image de la mythologie grecque. Phaéthon, fils d'Hélios, le soleil, tente de maîtriser les chevaux effrayés de son père. Il meurt foudroyé pour avoir perdu le contrôle du char, et d'avoir ainsi manqué d'embraser le monde.
Des médaillons décoratifs de petites dimensions aux quatres coins représentent les saisons. Ils démontrent l'action du soleil sur les saisons et sur le monde.
Photo de l'auteur publiée avec l'autorisation des Musées de Sens
Pour la composition de cette mosaïque Augusta HURE précise : « Ces cubes sont de marbre et de pâte opaque de verre dit émail. Les premiers sont gris, noir, blanc, rouge, rose, fleur de pêches et jaunes antiques. L'opus de verre, bleu et vert ».
Ce médaillon central historié est entouré d'autres motifs en torsades et de figures géométriques diverses.
La composition du médaillon secondaire rappelle un motif floral au centre d'une couronne tressée.
Photo de l'auteur publiée avec l'autorisation des Musées de Sens
Ces deux motifs, ainsi que celui de la bordure sont un mélange d'opus tesselatum (a) et d'opus vermiculatum (b), ce dernier étant plus utilisé pour le motif central.
(a) opus tesselatum : technique la plus utilisée. Des cubes taillés d'environ 1 cm² sont posés sur un ciment et liés par des joints fins ; les surfaces couvertes peuvent excéder 50 m².
(b) opus vermiculatum : mosaïque de tesselles minuscules adaptés parfaitement aux dessins et juxtaposés sans joint ; permettant les dégradés, elle imite la peinture, et est surtout réservée aux panneaux figurés (emblema) réalisés dans des ateliers sur des supports spéciaux etr facilement ajouté au reste de la composition.
Augusta HURE précise qu'à l'endroit de la fouille les archéologues ont trouvé un épais lit de cendres et de matières calcinées sur le pavement. Ceci atteste d'un violent incendie. Elle précise également que ce niveau de destruction a été retrouvé sur tout le pourtour de la ville.
On notera qu'avec l'iconographie de la façade des termes représentant des scènes de gigantomachie (a), l'art gréco-romain était, à cette époque, très prisé à Agendicum.
(a) voir l'article « Sens et l'eau »
C'est un très petit aperçu des magnifiques collections gallo-romaines des Musées de Sens. J'encourage vivement tous ceux qui le peuvent à venir découvrir les trésors qu'ils renferment.
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VITRUVE, « de l'architecture » livre VII, sur le site de Philippe REMACLE
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Bulletins de la Société Archéologique de Sens : tome 26 de 1911, et tome 27 de 1912.
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Augusta HURE, « Le Sénonais Gallo-romain » éditions Culture et Civilisation à Bruxelles.
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Jean-Paul DELOR, Carte archéologique de la Gaule – L'Yonne 89/2.
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Dossiers d'Archéologie, n°346 de juillet-août 2011, « Mosaïques antiques, dernières découvertes ».
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