Ce matin là, nous venions de quitter le pays des Sénons pour entrer en territoire Eduens, aujourd'hui situé dans le sud du département de l'Yonne, pour nous rendre sur le site des Fontaines-salées, maintenant sur la commune de Saint-Père-sous-Vézelay Vercellacus.
Notre route reprenait par endroit le tracé de la voie Agrippa, célèbre route reliant Lyon Lugdunum à Boulogne-sur-Mer Gesoriacum. Nous venions de passer à proximité du camp de Cora à Saint-Moré auquel nous consacrerons ultérieurement un article.
Il faut remonter au néolithique final (2 300 avant J-C) pour trouver trace d'exploitation du sel. Les structures de captage sont quasi-intactes. Le captage d'eau minéral était réalisé au moyen de troncs de chênes évidés. Ce puits est vieux de 4 500 ans. Sa datation comme pour celle des autres a été obtenue par le carbonne 14.
A l'âge du fer (entre 1500 et 100 environ avant J-C) l'activité continue et s'organise. Des sources d’eau minérale sont captées et aménagées. Des cuvelages en bois sont mis en place pour isoler l’eau salée des eaux douces de la rivière la Cure. Cette technique consiste à évider de gros chênes pour en faire des canalisations, qui rendues étanches, sont descendues dans chacun des puits par tronçons d'environ 1 m de haut sur 80 cm de diamètre.
Le sanctuaire
Au 1er siècle avant J-C, les captages sont entourés d’une enceinte circulaire qui officialise le caractère sacré de l'endroit. Dans cet espace de 34 mètres de diamètre, il n'y avait que le bassin, mais point de temple. On peut établir un parallèle avec le site d'Aquis Segeste à Sceaux-de-Gâtinais que nous avons vu lors d'un article précédent où le bassin est seul au milieu de l'enceinte sacrée.
Des tas d'ex-voto sous forme de pièces de monnaies ou de petites statuettes ont été retrouvés dans ces puits. On peut en admirer de nombreux exemplaires au musée situé à côté de l'église de Saint-Père.
A l'arrivée des romains en Gaule, on dénombrera 19 puits d'eau chlorurée sodique. qui vont constituer l'alimentation des futurs thermes.
Les thermes
Au 1er siècle après J-C, les gallo-romains édifient des thermes sur ce site qui seront agrandis au IIe siècle et utilisés jusqu’à leur destruction, probablement vers 275.
Ils s'inscrivaient dans un carré d'environ 54 mètres de côté. Ils étaient alimentés par les sources attenantes. Il est fort probable qu'un système hydraulique supplémentaire avait été mis au point pour l'amenée des eaux jusqu'aux thermes. Elles étaient exploitées pour leurs vertues curatives.
Qu'ils soient privés ou publics, les thermes sont tous constitués, au détail près, des mêmes salles et mêmes bains :
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l’apodyterium : le vestiaire,
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le sudatorium : la salle de transpiration;
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le caldarium : le bain chaud par aspersion ou immersion;
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le tepidarium : le bain tiède,
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le frigidarium : le bain froid,
Vestiaire circulaire apodyterium, chauffé par des conduites rayonnantes pour la circulation de l'air chaud avec au premier plan les latrines.
Le palestre est une sorte de cour entourée de portiques destinée aux exercices gymniques
Salle de bains chauds caldarium monté sur hypocauste hypocaustrum
Pilettes de l'hypocauste
Salle de bains froid frigidarium
Vaste vestiaire du bain des femmes donnant accès aux cabines destinées aux soins de beauté
Thermes du sud réservés aux femmes et chauffés dont le fond est intégralement en place, reposant sur 72 pilettes de briques carrées
Un habitat agricole
Cet édifice était peut être un temple à l'origine. Comme tout le site, il subit les destructions des invasions de la fin du IIIe siècle. Il est utilisé ensuite comme habitat agricole jusqu'au début du Ve siècle.
Cet article ne présente qu'un tout petit aperçu du site. Pour les amateurs d'antiquité, la visite du site et du musée ne sont à rater sous aucun prétexte !!!
Il est préférable de téléphoner avant toute visite au
Site archéologique des Fontaines Salées et Musée
Route de Pierre-Perthuis
89450 Saint-Pere-sous-Vezelay
Tél : 03 86 33 37 31
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