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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 13:27

Après le décès de Guillaume 1er de Melun le 27 octobre 1329, Pierre Roger est élu archevêque de Sens le 24 novembre 1329.

 

Pierre Roger est né en 1292 à Rosiers-d’Egletons (a) de Guillaume ROGER (b), premier du nom, seigneur de ROSIERS, dans la terre de MAUMONT, comte de BEAUFORT et de Guillemette de la MESTRE (c)..

 

(a) aujourd'hui commune de Corrèze (19), région du Limousin, diocèse de Tulle

(b) ou ROGIERS

(c) Armorial du Limousin. Il y a une erreur dans Gallia Christiana quand au nom de ses parents.

 

Mais revenons à Pierre Roger. Dès 1302, il est alors âgé de 10 ans, ses parents l'envoient chez les bénédictins de l'abbaye de la Chaise-Dieu. C'était un élève brillant qui sera rapidement remarqué par les moines. Il continuera ses études à Orléans puis à Paris.


Son ascension est alors spectaculaire : en 1315, il professe à la Sorbonne, en 1326, il est successivement abbé de la Chaise-Dieu, prieur de Saint-Pantaléon au diocèse de Limoges, puis de Saint-Basle près de Nîmes, abbé de Fécamp, et enfin évêque d'Arras de 1328 à 1329. Le 12 mars 1329, il est nommé par le roi conseiller au parlement de Paris.

 

Pierre Roger, archevêque de Sens


A 37 ans, c'est très probablement le plus jeune archevêque de Sens. Il restera peu de temps à ce poste : 13 mois seulement, du 24 novembre 1329 au 14 décembre 1330. Il n'est pas certain non plus qu'il ait beaucoup résidé dans son nouveau palais. A cette époque les archevêques résidaient à l'abbaye de Saint-Pierre-le-vif de Sens.

 

Clément VI - 1329 Roger Archevêque de Sens

  Blason de l'archevêque Pierre Roger

photo Arnaud BUNEL (1)

 

Blason de la famille de MAUMONT : D'argent à bande d'azur accompagnée de 6 roses de gueules boutonnées d'or, 3 en chef et 3 en pointe.

Son sceau d'archevêque de Sens devenait donc : Archevêque mitré accosté d'un écu à croix cantonnée de quatre crosses en pal accostées deux à deux (diocèse de Sens), timbré d'une mitre, et d'un écu à une bande accompagnée de six rose posées en orle (Roger).

 

L'année précédente mourait le roi Charles IV le Bel. Cet évènement devait créer un grave problème de succession pour la couronne de France. Il servira de prétexte au déclenchement de la guerre de Cent Ans quelques années plus tard.


C'est finalement Philippe VI de Valois qui montera sur le trône le 29 mai 1328. Sa première épouse Jeanne de Bourgogne était dame de Courtenay, ce qui fut bénéfique à Sens et au Sénonais.

 

Dès sa prise de fonction, le nouvel archevêque se distingua à plusieurs occasions à l'« Assemblée de Vincennes ». De quoi s'agissait-il ? C'était une assemblée de notables créée par Philippe VI pour apaiser les conflits de compétences entre juridictions laïque et ecclésiastique en matière temporelle. Convoquée dès le 1er septembre 1329, elle tint plusieurs réunions à Vincennes jusqu'en janvier 1330.

 

Lors de ces réunions, Pierre de Cugnières, légiste, avocat au parlement de Paris va plaider pour les droits du roi contre les ecclésiastiques. Bien entendu, ces interventions ne vont pas plaire à tout le monde. Son nom sera tourné en dérision et rebaptisé Jean du Cognot, écrit avec quelques variantes. Une tête sculptée, insérée dans les colonnes à l'entrée de plusieurs églises vilipende ce personnage.

 

Clément VI - Jean du Cognot La légende

 

Clément VI - Jean du Cognot - dans la cathédrale

 

Depuis mars 1329, Pierre Roger était conseiller au parlement de Paris, mais en cette année 1335, le roi le nommera Chancelier et Garde des Sceaux.

 

Guillaume II de BROSSE lui succède à l'archevêché de Sens.

 

Le titre d'archevêque de Rouen de 1331 à 1338 est purement honorifique. Par contre, il habite Paris où ses obligations politiques et diplomatiques le retiennent auprès du roi.

 

Encore une nomination, le 18 décembre 1338, le pape Jean XXII le fait Cardinal-prêtre de Saint-Nérée et Saint-Achille.

 

En décembre 1352, devenu pape sous le nom de Clément VI, il fait bâtir dans l'église de Sens une chapelle dédiée à Saint-Martial, premier évêque de Limoges qui évangélisa le Limousin au IIIe siècle. On remarquera la fidélité à ses racines.

 

Clément VI - Chapelle Saint-Martial

  Chapelle Saint-Martial

Photo de l'auteur

 

Les souvenirs entreposés dans cette chapelle sont tous postérieurs au XIVe siècle, et n'ont rien à voir avec ce pape. Seul le vitrail lui est attribué, mais a été malheureusement très mal restauré au XIXe siècle.

 

Clément VI - DSC00465Vitrail de la chapelle Saint-Martial

Photo de l'auteur

 

Clément VI avait tenu à faire figurer sur le vitrail de gauche à droite : saint-Philippe, saint-Martial, la Vierge et saint-Jacques. Dans l'état actuel sur la photo ci-dessous, ils sont surmontés des armes stylisées à la pointe des 2 lancettes.

Théodore Tarbé donne la description des blasons avant la restauration du vitrail : « Dans le vitrage, on remarque 2 écussons, dans l'un sont 2 clefs en sautoir, et dans l'autre les armes de Pierre Roger, avec une tiare au dessus ».

Aujourd'hui ces éléments ont disparu, et ont été remplacés par d'autres motifs. On est en droit de se poser des questions ...

 

Clément VI - Détail du vitrail de la chapelle Saint-Marti

Détail du vitrail de la chapelle Saint-Martial

Photo de l'auteur

 

Pierre Roger, pape en Avignon


Apprenant le décès de Benoit XII, Philippe VI dépêcha un émissaire, le duc de Normandie, pour influencer la Sacré Collège en faveur de son candidat le cardinal Pierre Roger.

 

Jacques LONGUEVAL dans son ouvrage : « Histoire de l'Église gallicane » raconte l'élection du pape :

 

« La vacance du trône apoftolique ne dura qu'onze jours ; le douzième donna à l'églife un nouveau chef. Il y avoit à Avignon dix-huit cardinaux : dix-fept entrerent au conclave ; le feul cardinal de Montfavés s'en abfenta à cause de fa mauvaife fanté. C'étoit le 5 mai : dès le 7 les fuffrages fe réunirent fur le cardinal Pierre Roger, qui prit le nom de Clément VI, & qui fut le quatrième pape réfidant à Avignon ».

 

Dans l'assistance, on relève la présence de Guillaume ROGER comte de BEAUFORT, frère du pape et de son fils Guillaume ROGER vicomte de TURENNE.

 

Clément VI

Clément VI

Photo Wikipédia

 

Clément VI - 1342, Blason de Clément VI

Blason de Clément VI

Photo Arnaud BUNEL (1)

 

Le palais de son prédécesseur ne lui plaisait pas, pas assez digne de lui. Il convoqua un architecte français originaire de sa région d'origine afin de définir avec lui tous les agrandissements et transformations nécessaires. On peut l'admirer aujourd'hui dans cet état. Il fut surnommé Clément VI le Magnifique pour son sens du faste et de l'opulence.

 

Clément VI - Façade du Palais des PapesFaçade du Palais des papes à Avignon

Photo Wikipédia

 

En février 1343, Il négocia le rattachement du Dauphiné à la France. Le 9 juin 1348, il achetait Avignon et ses territoires à la reine Jeanne de Sicile.

 

Clément VI - Armes de Clément VI sur la Porte Champeaux

Armoiries de Clément VI sur le palais des Papes à Avignon

au dessus de l'entrée principale

photo de l'auteur

 

Lors de la terrible épidémie de peste en 1348, il offrit sa protection aux Juifs accusés d'en être la cause.

 

Pendant le pontificat de Clément VI, plusieurs membres de sa famille furent abbés de La Chaise-Dieu et évolueront vers des carrières ecclésiastiques de haut niveau :

  • Pierre d'AIGREFEUILLE, son cousin, qui fut ensuite évêque de Clermont, puis d'Uzès et d'Avignon,

  • Étienne MALET, apparenté aux LA TOUR-MAUBOURG en Velay, également un de ses cousins, futur évêque d'Elne, puis de Tortosa,

  • Étienne d'AIGREFEUILLE, frère de Pierre, mort en 1361.

  • son neveu, Pierre ROGER de BEAUFORT, régnera de 1370 à 1378 sous le nom de Grégoire XI. Né comme lui en Limousin en 1332, il ramènera définitivement la papauté à Rome le 17 janvier 1377. Il y finira ses jours en 1378. Dans ses dernières volontés, et tout comme son oncle, il souhaitait être inhumé à la Chaise-Dieu, mais les Romains s'y opposèrent. Il est enterré dans la nécropole papale sous la basilique Saint-Pierre de Rome.

 

Le 20 février 1352, à la demande d'Étienne d'AIGREFEUILLE, son cousin, abbé de la Chaise- Dieu, il fait refaire la dite abbaye dans l'état où elle est encore aujourd'hui.

  

Après un pontificat de 10 ans, Clément VI meurt à Avignon le 6 décembre 1352. Pour respecter ses dernières volontés, il sera transporté le 8 avril 1453 à la Chaise-Dieu et inhumé dans le chœur de l’abbatiale.

 

Clément VI - Gisant du pape dans l'abbatiale de la Chaise-

Cliché Wikipédia

 

Il sera remplacé à la tête de l'église catholique par Innocent VI.

 

Ouvrages consultés

FISQUET Henri, La France pontificale (GALLIA CHRISTIANA), histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l'établissement du christianisme jusqu'à nos jours, divisée en 17 provinces ecclésiastique. Repos libraire-éditeur à Paris, 1864.

 

BOUVIER Henri abbé, Histoire de l’Église et de l'Ancien Archidiocèse de Sens, tome II de 1122 à 1519 ; imprimerie Yvert et Tellier à Amiens, 1911

 

LONGUEVAL Jacques, Histoire de l'Église gallicane: dédiée à nos seigneurs du clergé, depuis l'an 1320 jusqu'à l'an 1357, volume 13, rédigé avec Pierre Claude Fontenay, Guillaume François Berthier, Pierre Brumoy, 1783

 

TABBAGH Vincent, Fasti Ecclesiae Gallicanae, Répertoire prosopographique des évêques, dignitaires et chanoines de France de 1200 à 1500, tome XI, Diocèse de Sens, CNRS éditions Brepols, 2005

 

TARBE Théodore – Description de l'église métropolitaine de Sens ; recherches historiques et anecdotiques sur cette cathédrale, sur sa fondation et ses embellissements, éditeur Tarbé à Sens,1841. Ouvrage disponible sur internet

 

Bulletin de la Société Scientifique, Historique et Archéologue de la Corrèze, tome 11, imprimeur Roche à Brive, 1889. Ouvrage disponible sur internet

 

(1) Un remerciement spécial pour Monsieur Arnaud qui est l'auteur de ces blasons. voir son site : http://www.heraldique.org/2012/12/commemoration-du-deces-du-pape-clement.html

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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 20:52

1429, Jeanne d'Arc et Charles VII

 

Le sacre du roi Charles VII à Reims le 17 juillet 1429 résonne comme l'aboutissement du parcours de Jeanne d'Arc. Il devait faire oublier toutes ces années de honte depuis le traité de Troyes. Mais Il n'en était rien. Il faudra encore attendre vingt-quatre longues années de guerre avant que ne sonne la fin de la guerre de Cent Ans.

 

Suite à ce jour mémorable, le convoi prend la direction de l'abbaye de Saint-Denis où le roi souhaitait loger. Jusqu'à la fin août, plusieurs villes picardes seront reprises par les Français : Soissons, Crécy, Château-Thierry, Senlis et plusieurs autres.

 

Du 5 au 10 septembre a lieu le siège de Paris. Le 8, pendant l'assaut de la porte Saint-Honoré, Jehanne est blessée, probablement légèrement. La capitale est occupée par l'Anglais et son allié Philippe, duc de Bourgogne, dit « le Bon ». Dès le 10, tout le monde se replie à Saint-Denis que Jehanne quitte le 12. Enfin, elle rejoindra l'armée royale le 13 à Lagny.

 

JdA Siège de Paris

  Jeanne d'Arc à l'assaut de Paris

Martial d'Auvergne, Vigiles de Charles VII

Paris, BnF, département des Manuscrits, Français 5054, fol. 66v.

 

Chevauchée de Jeanne dans la grande Sénonie

 

Dans la soirée du 13, Provins est en vue. Après avoir délogé la garnison anglaise, elle entre dans la ville qui réserve un accueil favorablement au roi. Avant son départ, Jeanne entend la messe à la collégiale Saint-Quiriace.

 

Le 14, Bray l'accueille. La cité possède le seul pont sur la Seine non occupé par l'ennemi.

 

Nous arrivons en vue de Sens, et je laisse Maurice ROY continuer le récit du voyage :

« Jehanne arrivait dans la soirée du 15 septembre par Sergines sous les murs de Sens non loin de l'abbaye Sainte-Colombe, devant la porte Saint-Didier. Mais la cité fermée depuis 10 ans, se trouvait toujours sous la domination anglaise ... »


Andrée MIGNARDOT dans son ouvrage sur Michery précise :

« le 15 septembre, le cortège passe à Sergines et s'engage sur le territoire de Michery en empruntant « le petit chemin Péré », encore appelé « le vieux grand chemin de Bray à Sens »


Une plaque posée sur l'église Saint-Didier de Sens hors les murs, rappelle cette page d'histoire :


DSC00214

 

cliché de l'auteur

 

« Jeanne d'Arc, retournant de Senlis vers la Loire, est venue le 16 septembre 1429 à la porte de Sens. La garde anglaise ayant refusé le passage, elle franchit l'Yonne a gué un peu au-dessous de la ville ».


 Il faut noter que l'association johannique et le comité des fêtes du 500e anniversaire en 1929 n'avait pas souhaité faire figurer une défaite de Jeanne, et qui plus est, devant Paris. En revanche, Senlis était une victoire acquise le 16 août.


DSC05323

Jeanne d'Arc dans la cathédrale de Sens

photo de l'auteur

 

Le cortège traversa la rivière d'Yonne au « gué de Ronchevaux » situé entre Sainte-Colombe et le village de Saint-Martin-du-Tertre. Odoranne, moine et érudit de l'abbaye Saint-Pierre-le-Vif de Sens au XIIe siècle, parlait déjà dans ses écrits de ce passage sur la rivière. De l'autre côté, les contreforts du Gâtinais attendaient le convoi qui prit la direction de Courtenay, Château-Renard, Montargis puis de Gien sur la Loire où il arriva le 21.


Le bulletin n°4 de la Société d’Émulation de l'Arrondissement de Montargis de 1923 précise en parlant de l'une des portes de sa ville close :

« Jeanne d'Arc passa quatre fois sous cette porte : le 28 février 1429, allant à Gien pour se rendre à Chinon ; le 28 juin 1429, allant au sacre de Reims ; le 18 septembre de la même année, au retour du sacre, et dans les premiers jours d'avril 1430... ».


Le 3 septembre 1428, Jean Dunois, compagnon de Jeanne, avait battu Warwick à Montargis. Dans la première partie concernant le siège de Sens en 1420, nous avions fait la connaissance du sire de Guitry alors commandant et gouverneur de la place. C'est ce partisan de Charles VII qui sera choisi pour reprendre les rênes de la cité. Il offrira en 1429 un gîte sûr au convoi royal.


Virail Jeanne d'Arc Eglise de la Madeleine

Vitrail dans l'église de la Madeleine de Montargis

Charles VII et Jeanne d'Arc à Montargis le 19 septembre 1429

 

Suivant le témoignage de Monstrelet, l'escorte de Jehanne et de Charles VII, ce jeune roi de vingt six ans, était particulièrement brillante :

  • le connétable Arthur de Richemont, duc de Bretagne et de Touraine, qui avait épousé six ans plus tôt Marguerite de Bourgogne, fille ainée de Jean sans Peur !

  • Charles d'Anjou, comte du Maine, beau-frère et grand favori du roi,

  • Jean Dunois, dit « le bâtard d'Orléans »,,

  • Bernard d'Armagnac, marié à Éléonore de Bourbon, duchesse de Nemours,

  • Charles d'Albret,

  • et bien d'autres nobles et puissants barons ...

Une estimation, toute personnelle, réalisée suite à de nombreuses lectures, porterait son armée à environ 10 000 hommes au début de 1429. Tout porte à croire que ce nombre est à diviser par 2 ou 3, peut être plus, à la fin de la dite année, lors du licenciement du reste de la troupe à Gien par le roi Charles VII.


Ouvrages consultés

1/ COUGET Henri (chanoine), Jeanne d'Arc devant Paris, édition Spes à Paris, 1925

2/ GALLO Max, Jeanne d'Arc, XO édition, 2011

2/ MIGNARDOT Andrée, Histoire d'un village du nord-sénonais Michery, éd. Chevillon à Sens, 1996

3/ MONSTRELET Enguerrand de, Chroniques de Monstrelet, 1400-1444 avec notice biographique et littéraire par J.A.C. Buchon. édition Buchon, 1875

4/ PARAT Alexandre (abbé), Jeanne d'Arc dans les pays de l'Yonne, BSSY, tome 64, 1910

5/ ROY Maurice, La chevauchée de Jehanne d'Arc, Bulletin de la Société Archéologique de Sens, tome XXXVIII, 1936

 

Site remarquable

Société d’Émulation de l'Arrondissement de Montargis (SEM)

http://gatinais.histoire.pagesperso-orange.fr/


A signaler

2 magnifiques revues d'histoire sont consacrées à Jeanne d'Arc :

1/ la Nouvelle Revue d'Histoire, H.S. N°5 automne-hiver 2012 a pour titre « 1412-2012, Jeanne d'Arc, Une passion française », pour le 600e anniversaire de sa naissance le 6 janvier 1412.

2/ « Jeanne d'Arc et la guerre de Cent Ans » n°3 de novembre, décembre, janvier 2013.

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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 21:39

1420, le siège de SENS

 

Depuis la défaite d'Azincourt en 1415, HENRY V roi d'Angleterre allait de victoire en victoire. Sens n'échappe pas à la règle. Dès 1417, les Anglais sont aux portes de la ville et en saccagent les faubourgs. Ils incendient l'Abbaye Saint-Jean, la basilique Saint-Savinien et l'église Notre-Dame du Charnier.


Tout commence à Montereau ....


Le 10 septembre 1419, Jean sans Peur est assassiné sur le pont de Montereau, ville du Sénonais, lors d'une entrevue avec le dauphin, le futur roi CHARLES VII, chef de file des Armagnacs. Par vengeance, cet événement décidera son fils Philippe le Bon, duc de Bourgogne, à faire alliance avec l'Anglais.

 

Assassinat de Jean sans Peur2

 

L'infecte traité de Troyes

Des négociations préliminaires se tiennent le 9 avril. Le mois suivant, le 21 mai 1420, le traité de Troyes est signé. Il prévoit qu'après la mort du roi CHARLES VI, la couronne de France reviendra à son gendre le roi d'Angleterre, HENRY V. En d'autres termes, le futur CHARLES VII est déshérité.

 

En exécution de ce traité, l'Archevêque de Sens HENRI de SAVOISY marie le 2 juin 1420 vers midi, dans la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Troyes, HENRY V roi d'Angleterre avec CATHERINE de France, fille du roi Charles VI et d'Isabeau de BAVIERE. De cet événement déshonorant pour l'archevêque, une phrase est restée célèbre : « Vous m'avez donné une femme, je vous rends la vôtre » dit le roi HENRY à l'archevêque de Sens en lui remettant son église.

 

HENRY V, à qui l'on parlait de joutes qui devaient compléter la fête de ses noces, avait répondu qu'il valait mieux aller sans retard attaquer Sens, afin que chaque chevalier puisse y faire preuve de courage.

 

Le siège de Sens


La ville reste fidèle au Dauphin, futur roi CHARLES VII. La défense de la ville est sous le commandement du sire de GUITRY, alors bailli et gouverneur de la place, et de ses gens d’armes. Le siège durera 12 jours, avant que la ville ne se rende. Sens devient anglaise pour 9 ans.

 

Francais 82, fol. 59, Siege de Sens (1420)

 

Siège de Sens (1420)

Jean de Wavrin, Chroniques d'Angleterre.

Maître du Boèce flamand, enlumineur., Gand, vers 1480-1485.

Provenance : Louis de Gruuthuse.

Paris, BNF, Mss, fr. 82, f. 59

 

Le 6 juin 1420 le siège de Sens avait commencé. Un chroniqueur britannique, Jehan OFORT, présent ce jour là, détaille les évènements passés et présents. Il précise :

« Cette ville est dignement assiégée, car il y a deux rois, deux reines, quatre ducs, avec monseigneur de Bedfort quand il viendra, lequel doit se mettre en route de Paris, le 12 du mois de juin. A ce siège assistent un grand nombre de dames et de gentils-hommes, tant anglois que françois, dont plusieurs ont fait leurs premières armes il y a long-temps mais qui se trouvent à un siège pour la première fois ».

 

Sens capitulera le 11 juin 1420. Ce jour là, HENRI de SAVOISY, Archevêque de Sens est intronisé officiellement dans la cathédrale. Il a pour témoins les deux rois, les deux reines et le duc de Bourgogne. Cet ecclésiastique décèdera en 1422 en emportant dans la tombe la honte d'avoir consacré l'acte préliminaire de l'invasion de la France.

 

Lorsque HENRY V arriva à Paris, il réunit les représentants des villes conquises pour fixer le montant des subsides. Les députés de Sens à cette assemblée étaient : Pierre d'ANGERS, abbé de Saint-Pierre-le-Vif, le préchantre Jean Le MASLE, André CLEMENT et Jean PICARD, avocats. Si le chapitre métropolitain était contraint de s'incliner devant le vainqueur, il restait attaché au Dauphin.

 

Dans la grande Sénonie, d'autres villes vont tomber, et passer aux mains de l'ennemi. Le 1 juillet 1420, c'est Montereau ; le 7 juillet le siège est mis devant Melun qui tombera le 17. L'année suivante, le 27 septembre 1421, c'est au tour de Villeneuve-le-Roi, où HENRY V laissera une garnison chassée en 1430. Dans l'intervalle, des partisans du futur CHARLES VII tenteront une entrée dans la ville en escaladant le mur du côté de la porte Saint-Rémi. Toutes les tentatives seront repoussées.

 

La monnaie


Le 12 octobre 1419, le Dauphin baille à ferme les monnaies existantes à MAROT de BETONS pour un an. Ces « florettes » étaient frappées dans 22 ateliers différents répartis dans des villes ralliées à sa cause, dont Sens.

 

Florettes de Charle VI

 

(Je ne suis pas compétent pour dire si ces Florettes sont celles frappées à Sens ? )

 

 

Querelles autour d'un archevêque


Après la mort de l'archevêque de Sens, JEAN de MONTAIGU est tué à la bataille d'Azincourt le 22 octobre 1415, une partie du chapitre de la cathédrale avait élu HENRI de SAVOISY sur le conseil du Duc de Bourgogne. L'autre partie avait porté son choix sur Jean de NORRI, soutenu par la cour de France. Après son décès, un certain Raimond fut avancé pour prendre sa place. Il s'ensuivit une série de querelles dans les milieux ecclésiastiques sénonais. La situation trainait en longueur sous la pression des deux camps. On décida donc de faire appel à l 'église de Lyon pour trancher cette affaire. Enfin le Pape Martin V, ayant pris connaissance de l'affaire, confirma HENRI de SAVOISY dans ses fonctions.

 

 

Ouvrages consultés


  • BARANTE de, Histoire des Ducs de Bourgogne de la Maison de Valois, 1364-1477, tome premier, Société Typographique Belge, 1838
  • BENEUT Guy, Une florette de Charles VI frappée à Sens, revue numismatique, 1958
  • BITTON Frédéric, Histoire de la ville de Sens, réédition de l'originale de 1943, éditions du Bastion à Paris, 1989
  • BOUVIER Henri abbé, Histoire de l’Église et de l'Ancien Archidiocèse de Sens, tome II de 122 à 1519 ; imp.Yvert et Tellier à Amiens, 1911
  • LARCHER de LA VERNADE Charles, Histoire de la ville de Sens, réédition de l'original de 1846, éd.Culture et civilisation à Bruxelles, 1976
  • LETTENHOVE Kervyne de, Académie Royale de Belgique, tome premier, Œuvre de Georges CHASTELLAIN, Chronique 1419-1422, éd.Heussner à Bruxelles, 1863.
  • LONGUEVAL, FONTENAY, BRUMOY et BERTHIER, de la Compagnie de Jésus, Histoire de l’Église Gallicane dédiée à nos seigneurs du clergé, tome XX, éd.Gaume frères à Paris, 1827
  •  PIGNARD-PEGUET Maurice, Histoire de l'Yonne, librairie de l'Histoire générale illustrée des départements à Paris, 1913
  •  URSINS Jean Juvénal des, Histoire de Charles VI, Roy de France, et des choses mémorables advenuës durant 42 années de son Règne, depuis 1380 jusques à 1422, Paris, Imprimerie Royale à Paris, 1653
   
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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 18:00

Vers 1415, lors de la guerre de cent ans, on raconte qu'un matin à l'aube, le veilleur de nuit de la vieille Cité de SENONES cria :


« voiez l'ennemi … les anglais … !!! ….

 

  SAS Photos

 

 

Savinienne, une jeune fille du peuple, la première entendit ce cri d'alarme; elle courut à la cathédrale y chercher le mystérieux TAMBOUR d'ARGENT, le prit d'une main en criant : AUX ARMES ! ...

de l'autre, avec sa baguette l'en frappa si fort que ce bruit argentin, si étrange, répété mille fois par l'écho, parvint aux anglais qui, effrayés s'enfuirent au loin.

 

La ville était sauvée !

« Légende du XVe siècle »

 

Depuis ce jour mémorable, une rue de Sens proche de la cathédrale, évoque ce haut fait historique !


DSC00193

 

On notera l'écriture ancienne :

RVE DV TAMBOVR D'ARGENT

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Présentation

  • : Sens et le Sénonais antique et médiéval
  • : Histoire et Archéologie antique et médiévale d'un territoire immense constitué par les départements de l'Yonne, de la Seine-et-Marne, et d'une partie du Loiret et de l'Aube. Sa capitale s'est appelée successivement Agedincum, Senones, puis SENS.
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