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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 06:11

Après des années de recherches, l'archéologue Didier PERRUGOT a publié en 2008 cet ouvrage majeur pour tous ceux qui s'intéressent à l'importance de l'eau dans une ville gallo-romaine, et en particuliers à Sens-Agedincum.

 

 

Didier PERRUGOT

 

Publié par la SAS, Société Archéologique de Sens, des exemplaires sont encore disponibles à ce jour.

  

Cet ouvrage peut être également consulté à la bibliothèque du CEREP, Centre de Recherche sur le Patrimoine.

 

Les coordonnées de la SAS et du CEREP sont sur la page "Avant propos"

 

 

Bonne lecture !

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 21:10

Je vous propose ici un petit voyage à travers les siècles gallo-romains. La création et les remaniements administratifs successifs ont également vu la transformation du nom de la capitale des Sénons AGENDICUM, et l'évolution vers son nom définitif de SENS.


1er siècle avant J-C - La création

« L'ensemble de la Gaule est divisé en trois parties : l'une est habité par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par le peuple qui, dans la langue, se nomme Celte, et, dans la nôtre, Gaulois ». Le pays des Sénons ou Sénonais occupe cette dernière partie avec AGENDICUM pour capitale. César poursuit en précisant que les Gaulois sont différents des autres par le language, les coutumes, et les lois. (Guerres des Gaules, 1,1) (1)

 

Théodore TARBE quant à lui avait étudié plusieurs documents anciens avant 1838. Dans son ouvrage (2), il évoque l'ancien AGENDICUM de César, mais pour AGEDINCUM il donne les références de SURITA (a) et des annales de SAINT-BERTIN (b). Pour ces derniers, les ecclésiastiques rédacteurs ont utilisé les expressions AGEDICUM SENONUM, et SENONICUS COMITATUS ou PAGUS SENONICUS, qu'un historien du XIXe siècle a traduit par « comté » (c). Le « Sénonois » ainsi décrit comprenait tous les Pagi (d) du Sénonais connu aujourd'hui. 

 

(a) Les recherches effectuées m'ont appris qu'il s'agissait d'un ecclésiastique du XVIIe siècle, mais les écrits ont du probablement se perdre.

(b) Ce sont des chroniques du IXe siècle qui se rapportent au royaume franc occidental entre 829 et 882, Elles ont été écrites de 835 à 861 par l'évêque de Troyes, Prudence, puis jusqu'en 882 par l'archevêque de Reims.

(c) Assimilation un peu rapide pour l'époque. Elle ne sera vraie qu'au VIIIe siècle avec la création du  Comté de Sens.

(d) Pagi est le pluriel de Pagus qui signifie « pays ».


1er siècle après J-C - Premier remaniement

Auguste meurt le 19 août 14 à l'âge de 75 ans. En 27 avant notre ère, il avait jeté les bases d'une nouvelle administration avec une modification des trois Gaules : la Lyonnaise, l'Aquitaine et la Belgique, avec comme capitale LUGDUNUM. Le Sénonais, qui faisait parti de la Celtique, est alors intégré dans la Gaule Lyonnaise avec AGENDICUM ou AGEDINCUM pour capitale de la CIVITAS SENONUM (a). Cette dernière expression apparait pour la première fois.

 

 Une inscription retrouvée en 1893 et provenant d'un monument élevé en l'honneur de Caius César (b), mentionne cette CIVITAS SENONUM. Il faut noter que le nom de la ville a disparu. La traduction a été menée par Gustave JULLIOT (4) à la fin du XIXe siècle. Le texte gravé sur pierre en quatre morceaux est conservé aux Musées de Sens. Le monument aujourd'hui disparu se situait non loin de la rivière (3). Le tracé de l'Yonne ayant subi des modifications au cours des siècles, son emplacement actuel se situerait au bord de la rivière côté Ile d'Yonne du côté opposé à l'église Saint-Maurice.


(a) Civitas : Unité politique et administrative romaine comprenant une ville et son territoire. Elle avaient une très large autonomie. Les Civitas reprenaient approximativement le territoire des anciennes tribus gauloises.

(b) Caius César (19 avant J-C, an 5 de notre ère) est le fils adoptif d'Auguste, donc le petit-fils par adoption de Caius Julius César. Il sera déifié de son vivant.

 

DSC04791Photo de l'auteur publiée avec l'autorisation des Musées de Sens

 

Augusta HURE (3) précise à propos de la construction de la nouvelle ville : « A l'Agendicum de Jules César, sur la rive gauche de l'Yonne, fait place l'Agedincum de Ptolémée et de l'Itinerarium.d'Antonin, sur la rive droite ».


Après avoir étudié toutes ces hypoyhèses, je pense que le changement d'orthographe est contemporain de César. Avant l'arrivée des romains, le lieu s'appelait AGENDICUM. Il a peut être eu un décalage entre ses batailles et le moment où il a rédigé la Guerre des Gaules. Il aurait alors entériné le nom d'AGEDINCUM.


IIe siècle

Dans la Table qu’il rédige dans les premières années du IIe siècle, PTOLEMEE (a) nomme notre ville AGEDICUM,   et la situe au 21°15’ de longitude et 47°10’ de latitude. (Géographie II, 8, 9) (5).


(a) Grec né en Égypte (98-168), il réside à Alexandrie et mène de front recherches et enseignements des mathématiques, astronomie, et astrologie. Il rédige également un traité de géographie.


IIIe siècle

Caius Amatius Paterninus est édile des habitants d'AGIEDICUM, faubourg Saint-Savinien. Il résidait au n°2 de la rue d'Alsace-Lorraine actuelle. Un texte gravé sur une plaque de bronze retrouvée en 1839 et aujourd'hui au Musée du Louvre (4) est daté des calendes d'avril 250 (1 avril 250). Il  indique (à la fin de la deuxième ligne) :


Aedil(i) Vikan(orum) Agied(icensium)


Le préfixe AGIED apparaît pour la première fois. Selon certains, il serait issu du gaulois, mais ceci reste à vérifier.

 

INSCR 

Sur l'itinéraire d'Antonin, sur lequel nous reviendrons dans un article sur les cartes et le réseau routier, SENS est appelé AGEDINCUM (3), mais aussi sont mentionnés les expressions  AGREDINCUM et AGREDICUM

 

IVe siècle - Deuxième remaniement

La 4ème lyonnaise, appelée aussi Sénonaise (Senonia), crée dans les dernières années du IVe siècle, comprend sept cités dont SENS la métropole est nommée METROPOLIS CIVITAS SENONUM. Les autres villes sont : Chartres (civitas Carnutum), Auxerre (civitas Autessiodurum), Troyes (civitas Tricassium), Orléans (civitas Aurelianorum), Paris (civitas Parisiorum) et Meaux (civitas Meldorum).

 

Ve siècle

Une « carte routière » destinée probablement à l'armée était établie par les services de l'empereur Théodose II (401-450). Ce document sera retrouvé et recopié une ou plusieurs fois et notamment au XIIIe siècle, pour finalement être repris et étudié par Conrad PEUTINGER au XVe siècle, mais diffusé seulement un siècle plus tard. Après plus de dix siècles ou les copies de copies se sont succédées, le nom s'est transformé en AGETINCUM. ou AGENTINCUM


Autres noms dont parle Théodore TARBE (2) : AGENDIC, AGENDINCK,

 

XVIIIe siècle 

Il faudra attendre la révolution de 1789, et la formation des départements pour que le nom de notre ville prenne sa forme définitive de SENS. Cependant les expressions Sénonais, Sénonaise et Sénonie ont perduré, et sont entrées aujourd'hui dans le langage courant. 


Sources

  1. Jules CESAR, « La Guerre des Gaules », traduction de L.-A.CONSTANS, chez Folio Classique n°1315, août 2010.

  2. Théodore TARBE « Recherches historiques et anecdotiques sur la ville de Sens  imprimerie Tarbé à Sens, 1838 [document en ligne sur Gallica]

  3. Augusta HURE, « Le Sénonais gallo-romain », Culture et Civilisation à Bruxelles, 1978

  4. Gustave JULLIOT, « Musée gallo-romain de Sens », Sens, 1868, disponible en ligne sur Gallica

  5. Claudius PTOLEMEE, « Traité de géographie » (8 livres) Ebherhart, Paris, 1828

Autre document consulté 
Jean-Paul DELOR, « L'Yonne », Carte archéologique de la Gaule, 2002

 




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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 18:19

Le site de la Motte du Ciar a été construit par les romains au cœur du delta de la Vanne et proche de son confluent avec l'Yonne. Cet emplacement avait été surement choisi avec soin pour l'alimentation en eau du sanctuaire. L'origine pré-romaine est probable selon plusieurs spécialistes. 


Le plan d'ensemble est un péribole composé d'un mur de 1 800 mètres de périmètre. C'est monumental. L'espace ainsi délimité est formé d'un rectangle de 386 m sur 198 m, et d'un hémicycle de 221 m sur 170 m de profondeur, A l'intérieur, un déambulatoire d'une dizaine de mètres de large court autour du péribole. Des niches contenaient probablement des statues des dieux implorés. Du côté de la façade, une galerie entoure un portail très important.


Si la comparaison peut être faite avec d'autres sanctuaires, une galerie marchande pouvait offrir aux pélerins des services de type alimentaire ou médicaux comme un oculiste, lorsque le sanctuaire était dédié à une déesse des eaux bienfaitrices pour le soin des yeux. Mais ceci n'est qu'une hypothèse.

 

La motte du Ciar1

Travail de l'auteur réalisé avec l'aide du logiciel de dessin Paint.net

 

Un bassin de forme rectangulaire aux bords arrondis alimenté par un ru du delta de la Vanne trône au milieu de la cour du sanctuaire Il fait face à un fanum qui renfermait la statue d'une divinité.


Les découvertes monétaires donnent une indication approximative sur les dates d'occupation d'un site. Dans le cas présent, les quelques fouilles d'urgence effectuées à partir de 1844 par la Société Archéologique de Sens ont mis au jour une centaine de pièces s'échelonnant du début de la période gallo-romaine jusqu'à 337-340, années du règne de Constantin II. Ceci accrédite  l'occupation du site au moins jusqu'au IVe siècle de notre ère.


Augusta HURE (2) précise que les écrits de certains chroniqueurs nous montrent Raynard, comte de Sens vers 953 ou 955, qui fait bâtir et fortifier un château à cet endroit. Plus tard, un acte public du 11 avril 1601 (3) attestera qu'ils étaient bien propriétaires des lieux. Lui-même ou ses successeurs construiront au moins une tour carrée de 4 ou 5 étages visible sur le tableau de Jean Cousin père (1490-1560) et reprise sur le dessin de Sébastien Leclerc (1637-1714). On constatera qu'en un peu plus d'un siècle, il y a eu une démolition systématique autour de la tour. En 1759, l'intendant de l'archevêque de Sens Paul d'Albert de Luynes y fait extraire à l'explosif 150 toises de moellons devant servir à la construction du château de Nolon (4).

Le tableau de Jean Cousin, de dimensions 66 x 46 cm, fait partie aujourd'hui des collections du musée du Louvre. Faute de mieux, cette photocopie donne une idée de l'édifice à cette époque (5).

 

Tab Motte du Ciar1

 

La Motte du Ciar d'après un dessin de Sébastien Leclerc.

 

Tab Motte du Ciar2

 

Le 20 juin 1829 la ville de Sens se porte acquéreur des ruines restantes non pour les sauver mais pour malheureusement continuer le travail de destruction systématique du site. Le Journal « Le mémorial de l'Yonne » raconte dans un article daté de ce jour-là le devenir du site : « Eh bien, Monsieur le rédacteur, parce que la ville de Sens a trop dépensé d'argent pour faire faire une salle de bal aux gens comme il faut, on va vendre par adjudication les ruines du camp de César... ». Ces exemples montrent l'absence totale de considération des gens de cette époque pour le patrimoine. J'en avait déjà parlé dans l'article sur la muraille de Sens.

 

Dans son ouvrage publié en 1847, Victor PETIT (7) précise : « Aujourd'hui encore le sol est jonché de petits morceaux de marbres cubiques, noirâtres et semblables à ceux qui servaient à faire des pavages de mosaïque ». Aujourd'hui, il ne reste plus rien. Du fait de l'exploitation en carrière et surement des nombreux pillages, le mobilier archéologique sauvé par la Société Archéologique de Sens reste très modeste.

 

Motte du Ciar

 

Depuis plus d'un siècle, plusieurs hypothèses ont été présentées sur l'origine du site. Augusta HURE (2) avait émis quelques réserves sur ces avis qu'elle jugeait peu probable. Une étude très récente de Bertrand DEBATTY (1) apporte un éclairage nouveau et très intéressant sur le site de la Motte du Ciar. Selon lui, il s'agirait très probablement d'un sanctuaire gallo-romain. Pour accréditer cette thèse, il convient de se rapprocher d'autres sites afin d'analyser les similitudes existantes.


La ressemblance la plus frappante est le sanctuaire de BLICQUY, commune belge de Leuze-en-Hainaut proche de la frontière française.(8). Situé à une quarantaine de kilomètres de Bavay, il s'inscrit dans une région riche en vestiges gallo-romains. Les points communs avec Sens sont tout à fait étonnants : forme, composition, aménagement intérieur et même orientation. Un mobilier archéologique important permet d'identifier les cultes rendus aux dieux Mars et Mercure.


Bernard RIO (9) donne également l'exemple du sanctuaire de Pfaffenlohweg près de Bâle en Suisse. Comme comparatif, il cite dans son ouvrage le sanctuaire de la Motte du Ciar comme ayant une forme et des dimensions identiques.   

 

Deux autres sanctuaires plus petits et plus proches de nous en pays sénon comportent des points communs intéressants. Il s'agit du site d'Aquis Segeste sur la commune de Sceaux-du-Gâtinais, et celui de Châteaubleau dernière ville sénonaise près de la frontière avec les Meldes.

 

Sources
  1. Bertrand DEBATTY, « Marti, Volkano et sanctissimae Vestae sacrum – Le sanctuaire suburbain de la Motte du Ciar près de Sens (cité des Sénons) », Sanctuaires, pratiques culturelles et territoires civiques dans l'Occident romain, Bruxelles, 2006. 

  2. Augusta HURE, « Le Sénonais gallo-romain», Culture et Civilisation à Bruxelles, 1978

  3.  Théodore TARBE, « Recherches historiques et anecdotiques sur la ville de Sens », imprimerie Tarbé à Sens  

  4. Max QUANTIN, « Répertoire archéologique du département de l'Yonne », imprimerie impériale Paris, 1868 – Archives de l'Yonne G442  

  5. Bulletin de la Société Archéologique de Sens, tome XXI, 1905.  

  6. « Mémorial de l'Yonne », journal politique imprimé à Auxerre.  

  7. Victor PETIT, « La ville de Sens », les éditions du Bastion, 1847, réédition Soferg, 4ème trimestre 1994.  

  8. Germaine LEMAN-DELERIVE, Eugène WARMENBOL, William VAN ANDRINGA, Évelyne GILLET, « Le monde religieux des Nerviens », L'ArchéThéma n°14, mai-juin 2011, Le peuple gaulois des Nerviens. 

  9. Bernard RIO, « L'arbre philosophal », collection Antaios, éditions l'Age d'homme, Lausanne, Suisse, 2001.

Autres documents consultés  
  1. Jean-Paul DELOR, « L'Yonne », Carte archéologique de la Gaule, 2002 

  2. Guillaume LASSAUNIERE, « Réalisation d'une carte archéologique de la ville de Sens à l'époque antique : approche critique des sources et essai de modélisation », mémoire de DEA d'archéologie des périodes historiques. Archéologie de la Gaule romaine sous la direction de Madame Françoise DUMASY, 2006

  3. Lantier Raymond. Les Eaux et leur culte en Gaule. In: Journal des savants. 1962, N°3-4. pp. 227-236. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jds_0021-8103_1962_num_3_1_1036

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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 16:48

Tite-Live, en latin Titus Livius, ce grand historien est né en 59 avant J-C à Padoue, et décédé à Rome en 17 après J-C.

Contemporain d'Auguste, il rédige une œuvre immense en 142 volumes sur l'histoire romaine « Ab Urbe condita libri » de l'origine à l'an 9 de notre ère. Seuls 35 nous sont parvenus.

 

Dans l'ouvrage ci-dessous, le livre V traite de la prise de Rome par les Gaulois (391-390). Les amateurs de civilisation romaine seront comblés avec les 4 premiers livres.

 

+ TITE-LIVE

Cette édition récente est disponible en librairie, ou sur le site Amazon à un prix très raisonnable.



Bonne lecture !

 

 

 


 


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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 09:30

Augusta HURE, conservateur des Musées de Sens, première femme conservateur de musée en France a rédigé ses premières notices à partir de 1909 pour la Société Archéologique de Sens mais également pour d'autres Sociétés Savantes. 


Ces trois volumes sont un ensemble remarquable pour comprendre le passé de notre région, et un outil incontournable pour les chercheurs.


Ces ouvrages sont parus aux Editions Culture et Civilisation, avenue Gabriel Lebon 115 - 1160 à Bruxelles. On peut les trouver encore de temps en temps sur le site d'Amazon.

 

HURE3

 

HURE1

 

HURE2

 

Ces ouvrages sont disponibles à la consultation à la bibliothèque du CEREP, Centre de Recherche sur le Patrimoine

 

Pour tout renseignement complémentaire, contacter la Société Archéologique de Sens

 

Les coordonnées se trouvent sur la page "Avant propos"


Bonne lecture !

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 16:14

Bien avant César, les Romains avaient déjà tissé des liens avec certains peuples de la future Gaule comme les Eduens ou les Arvernes. Les échanges étaient principalement commerciaux, voir politique et militaire dans les milieux les plus aisés. Certains jeunes gaulois partaient suivre des études à Rome comprenant enseignement général et militaire. A leurs retours, ils formeront l'élite gallo-romaine, celle sur qui les empereurs compteront pour parachever la romanisation. Vercingétorix a très probablement suivi ce cursus avant de se retourner contre Rome.


Les Romains ne s’embarrassaient pas de questions sur l’origine des Celtes qu’ils appelaient tous Galli, qu’ils soient de Gaule ou d’Italie. Les Sénons quant à eux occupaient la Celtique, l'une des trois parties de la Gaule dont parle César en 58 avant notre ère avec la Belgique et l'Aquitaine. (Guerre des Gaules, I, 1)(1).


En 54 avant J-C, le témoignage de César était plutôt flatteur pour les Sénons :

« Senones, quae est civitas in primis firma et magnae inter gallos auctoritatisun ... » Les Sénons peuple le plus puissant de la Gaule et qui jouit parmi les autres d'une grande autorité. (Guerre des Gaules, V, 54)(1). Malgré cet éloge, il se méfiait tout particulièrement de ce peuple connu de longue date en Italie.

 

Brennus

Il y avait eu la bataille d'Allia (a) que.personne n'avait oublié à Rome avec les conséquences qui devaient s'en suivre. Les légions romaines subirent une défaite cuisante en 18 juillet 390 avant notre ère face à une coalition gauloise menée par le Sénon BRENNOS. (Tite-Live, V, 38)(2). En Celte son nom signifie « corbeau ». C'est une allégorie du guerrier. Plus tard chez les gaulois BRENN signifiera « chef de guerre ». Ce nom sera latinisé en BRENNUS. Dans le département de l'Yonne, la ville de Brienon signifie « lieu de combat ».

Selon les auteurs, les Romains disposaient de 4 à 6 légions (b) et les Gaulois 3 000 hommes seulement. Conforté par cette victoire, l'intrépide guerrier sénonais ordonnait le siège et le sac de Rome, le Capitole excepté, cette colline fortifiée étant de réputation imprenable. Il durera des mois. Les Romains affamés demanderont une trêve. Brennus accepta de négocier avec le tribun militaire Quintus Sulpicius contre une forte rançon de 1 000 livres en or. Suite à des tricheries sur les poids, la légende veut qu'il ait jeté son épée dans le plateau de la balance en hurlant « Vae Victis ! » (Malheur aux vaincus !) (Tite-Live V, 48)(2)

 

Brennus balance

Brennus posant son épée sur la balance

(selon Paul Lehugeur historien du XIXe siècle)

 

Une nuit, les gaulois tentent un assaut surprise. Les sentinelles endormies ne les entendent pas arriver. Seules les oies sacrées de Junon réagissent. Les soldats romains repousseront les envahisseurs en les poussant du haut des murailles.

(a) rivière à une vingtaine de kilomètres de Rome en pays Sabin, non loin de son confluent avec le Tibre

(b)1 légion = 4 500 hommes environ

 

2 270 ans plus tard ...

le gouvernement Gambetta décida fin 1881 de commander un nouveau cuirassé qui aura pour nom « Le Brennus » en hommage au vaillant combattant sénonais. Le Musée national de la Marine à Paris conserve la figure de proue du navire.

 

Brennus cuirassé


Moritasgos [-57]

Lors de son arrivée César trouve le trône des Sénons occupé par ce roi (Guerre des Gaules, V, 54)(1). Il descendait lui-même d'autres souverains qui avaient régné sur ce peuple. Il porte très curieusement le même nom qu'un dieu gaulois assimilé à APOLLON dont un temple sera édifié sur le plateau d'Alésia.


Cavarinos [-57,-53]

En Celte, son nom signifie « Géant, Champion » et par la suite sera latinisé en Cavarinus. Frère de Moritasgos, César le remplacera en 57 comme roi des Sénonais. Plus tard ses compatriotes voulant le mettre à mort, il s’enfuira au delà des frontières. En 53, il reviendra avec sa cavalerie prêter main forte à César contre Ambiorix, chef Éburons, peuple du nord de la Gaule belgique, et les Treviri, peuple de Trèves. (Guerre des Gaules, V, 54)(1).


Acco [-53]

Depuis l'occupation de la Gaule, les peuples se soulevaient les uns après les autres. Quelques uns seulement avaient fait allégeance à l'envahisseur. Les légions romaines sillonnaient l'hexagone pour réprimer les émeutes. Dès -53, Acco était rendu responsable de la révolte. (Guerre des Gaules, VI, 4)(1).

« Après la dévastation de ce territoire, César ramena l'armée, diminuée de deux cohortes, à Durocortorum, capitale des Rèmes, et, y ayant convoqué l'assemblée de la Gaule, il résolut de s'occuper de la conjuration des Sénons et des Carnutes. Acco, qui en avait été le chef, reçut sa sentence de mort et subit son supplice selon les anciens usages. Quelques autres prirent la fuite, dans la crainte d'un jugement. Après leur avoir interdit le feu et l'eau, César établit deux légions en quartiers d'hiver chez les Trévires, deux chez les Lingons, et les six autres sur les terres des Sénons, à Agédincum. Lorsqu'il eut pourvu aux subsistances de l'armée, il partit pour l'Italie, selon sa coutume, pour y tenir l'assemblée du pays » (Guerre des Gaules, VI, 44)(1).


Cette condamnation amènera la grande révolte de -52 avec Vercingétorix qui se termina par la défaite d'Alésia.


Drappès [-51]

Après la défaite d'Alésia, le Sénon Drappès organisa la résistance aux légions de César.

« Comme on savait qu’après cette déroute le Sénon Drappès, qui, dès le début du soulèvement de la Gaule avait rassemblé de toute part des gens sans aveu, appelé les esclaves à la liberté, fait venir à lui les bannis de toutes les cités, accueilli les voleurs, et intercepté les convois de bagages et de ravitaillement des Romains, comme on savait que ce Drappès avait formé avec les restes de l’armée en fuite une troupe atteignant au plus deux mille hommes et marchait sur la Province, qu’il avait pour complice le Cadurque Lucterios (a) qui, au début de la révolte gauloise, s’était proposé, comme on l’a vu dans le commentaire précédent, d’envahir la Province, le légat Caninius (b) se lança à leur poursuite avec deux légions, ne voulant pas que la Province eût à souffrir ou que la peur s’emparât d’elle, et qu’ainsi nous fussions déshonorés par les brigandages d’une bande criminelle ».(Guerre des Gaules, VIII, 30)(1)

 

Il tente avec Lucterios (a) d'envahir la Province, aujourd'hui la Provence. Pourchassé par les deux légions de Caninius (b), il se réfugie dans l'oppidum d'Uxellodunum (c). Il est capturé pendant le combat.

« Drappès, qui, ainsi que je l'ai dit, avait été fait prisonnier par Caninius (b), soit honte et douleur de sa captivité, soit crainte d'un supplice plus grand, s'abstint de nourriture pendant plusieurs jours, et mourut de faim ». (Guerre des Gaules, VIII, 44)(1).

 

Uxello

Gravure représentant
Uxellodunum comme on se l'imaginait au XVIème siècle.
 

 

 Après la chute de la ville et l’arrestation de Drappès, la Guerre des Gaules sera définitivement  terminée.

 

(a) Lucterios (latinisé en Lucterius) est un chef gaulois des Cadurques, peuple habitant l’actuelle région de Cahors et du Quercy,

(b) Caius Caninius est le légat de César. Il assiége Uxellodunum avec deux légions 

(c) Uxellodunum est le nom d'un oppidum gaulois, situé dans le Quercy actuel. Son nom signifie la « forteresse élevée ». Longtemps contestée, sa localisation au Puy d'Issolud est désormais reconnue par tous les spécialistes.

 

Sources
  1. Jules CESAR, « La Guerre des Gaules », traduction de L.-A.CONSTANS, chez Folio Classique n°1315, août 2010.

  2. TITE-LIVE, « Histoire Romaine », traduction nouvelle, Livres I à V, présentation et traduction par Annette FLOBERT, éditons GF Flammarion à Paris, 1995

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 14:43

Selon Augusta HURE (1) : « le nom Sénon n'appartenait pas originairement à une tribu celtique, mais à une tribu pré-gauloise ou pré-celtique du Sénonais ». A une période éloignée, leur territoire était surement beaucoup plus étendu vers l'est de la France. Hormis le village de Sénon dans la Meuse, on relève plusieurs agglomérations ayant Sénon comme racine dans leur nom : Senones dans les Vosges, Sénoncourt dans la Meuse et la Haute-Saône, et Sénonville aujourd'hui commune de Valbois dans la Meuse. C'est en venant du plateau bavarois (2) que ce peuple aurait probablement fondé ces citées.

Un autre spécialiste de l'antiquité Joël SCHMIDT (3) fait venir les Sénons avec les Celtes des pays du nord de l’Europe (Danemark, rives de la Baltique, Frise, Jutland, Ems, Weser et Elbe), dès le Ve siècle avant notre ère, à la recherche d'espace vitale et d'un climat moins rude. Cet auteur précise en outre : « Les guerriers celtes ne sont pas seuls. Ils sont suivi par des femmes, des enfants, des vieillards et par leurs troupeaux. Ils se déplacent par milliers, voir par centaines de milliers dans des chariots ... ».

Le problème de la provenance des Sénons n'est encore résolu. Laissons donc les spécialistes travailler à cette passionnante énigme !


A cette époque une autre branche des Sénons emmenée par Bellovèse part s'établir en l'Italie sur les bords de l'Adriatique (Tite-Live V, 34)(4), dans la province d'Ancône. Ce territoire nommé par les Romains « ager gallicus » signifie « terre gauloise », sera annexé par les Romains en 295 avant J-C après la victoire de Sentinum sur une coalition des Sénons et des Samnites. Les romains fondront probablement à cette époque la ville de SENA ou SENA GALLIA, qui deviendra par la suite SENIGALLIA.


Dans l'hexagone, leur territoire couvre majoritairement les départements de l'Yonne et de la Seine-et-Marne, mais empiète aussi sur ceux du Loiret à l'ouest et de l'Aube à l'est. A cette époque la notion de frontière n'est pas très précise. Dans la grande majorité des cas, ce sont les cours d'eau, les marécages et les forêts qui servent de délimitations.

 

Carte de la Senonie1

Camille JULLIAN (6) puis Henri BEIS (7) donnent un éclairage tout à fait intéressant sur ces limites, et notamment sur l'appartenance ou pas des Auxerrois au territoire des Sénons. Il y aurait eu probablement une grande confusion entre les époques pré-romaine, celle de César, celle d'Auguste, et celle de la création des diocèses, où les découpages administratifs n'ont pas arrêté de changer. Pour Bertrand DEBATTY (8) la cité d'Auxerre pourrait avoir été Sénone avant la fin du IIIe siècle, c'est à dire avant la réforme de Dioclétien.


La limite nord avec le territoire des Meldes semble être la rivière Yvron à quelques kilomètres au nord de Châteaubleau. A propos de ce ru, le terme « equoranda » a été avancé. Il s'agit d'un mot d'origine celte utilisé pour désigner une rivière frontière entre deux territoires. De plus cette limite a coïncidé avec celle des évêchés de Sens et de Meaux quelques décénies plus tard.


Selon César, les Parisii qui occupaient les anciens départements de la Seine et de La Seine-et-Oise, étaient autrefois unis aux Sénons en un seul état. (Guerre des Gaules, VI, 5).


La langue et les écrits

SENON en celtique signifie « vieux », « ancien », ou « sage ». Ce terme deviendra par la suite SENO ou SENOS pour les gaulois. De nos jours le préfixe SEN a survécu dans le mot sénior. Malheureusement tout était dans le langage, rares étaient les écrits.

Hormis quelques tessons que les archéologues ont mis au jour ici et là, le seul document retrouvé est « la tuile de Châteaubleau » que plusieurs spécialistes dont Pierre-Yves LAMBERT (9) ont tenté de  déchiffrer sans être tous d'accord sur la traduction. Dans le "blog de Lutèce"  l'auteur a développé ce sujet.

 

L'habitat

Les autochtones et les Sénons vivaient dans des maisons en bois et torchis recouvertes de chaume.

 

Un village Gaulois primitif 

Des fouilles dirigées par D.THIBAULT en 1992 sur le chantier de l'autoroute A5, au lieu dit Champs Notre-Dame, sur la commune de Saint-Denis-lès-Sens ont mis au jour une ferme gauloise du 1er siècle avant J-C,.dont une maquette est conservée aux Musées de Sens.

Les habitations se trouvaient toujours à proximité de points d'eau douce, sources, ruisseaux et autres rivières. Vu leur importance pour la vie communautaire, ils étaient toujours divinisés. C'est le cas de la rivière Yonne qui l'a été très tôt. Icauna est le nom pré-latin de la déesse, attesté par une dédicace retrouvée à Auxerre.

Autre exemple, la Fosse Dionne est l'un des points remarquables de la ville de Tonnerre. Selon Marcel MEUNIER, ancien président de la Société d’Études d’Avallon et auteur d'une savante étude hydrologique consacrée à l'antique « fons divona », Dionne serait la contraction de Divonne ou Divona. Cette source ne serait donc qu'une dédicace à la divinité celtique des eaux. On retrouve le nom de la déesse dans le toponyme Divonne-les-Bains dans le département de l'Ain.

 

TONNERRE - La Fosse Dionne

 

Les soins du corps

« Les Gaulois sont grands de taille ; ils ont la chair molle et la peau blanche : leurs cheveux sont naturellement blonds, et ils cherchent par des moyens artificiels à rehausser cette couleur : ils les lavent fréquemment avec une lessive de chaux, ils les retirent du front vers le sommet de la tête et la nuque, de sorte qu'ils ont l'aspect de Satyres et de Pans. Grâce à ces moyens, leurs cheveux s'épaississent tellement qu'ils ressemblent aux crins des chevaux. Quelques-uns se rasent la barbe et d'autres la laissent croître modérément, mais les nobles se rasent les joues, et laissent pousser les moustaches, de manière qu'elles leur couvrent la bouche ». (Diodore de Sicile, V,28)


L'habillement

« Les Gaulois portent des vêtements singuliers; ils ont des tuniques bigarrées de différentes couleurs, et des chausses qu'ils appellent bragues. Avec des agrafes, ils attachent à leurs épaules des saies rayées, d'une étoffe à petits carreaux multicolores, épaisse en hiver, et légère en été ». (Diodore de Sicile, V,30)


Le travail du fer

Le département de l'Yonne est très riche en minerai de fer facile à exploiter car peu profond. Cette activité vient remplacer celle du silex également en abondance dans la région.

Des fouilles ont été effectuées au début des années 90 aux Clérimois, canton de Villeneuve-l'Archevêque, à une quinzaine de kilomètres à l'est de Sens (9). Elles ont permis de mettre au jour trois types de bas-fourneaux (a) ayant fonctionné du IIIe siècle avant J-C au VIIe siècle de notre ère.


(a) Le bas-fourneau est un four à combustion interne qui a servi jusqu'au Moyen-Âge à la transformation du minerai de fer en fer métallique.


Le combustible était le charbon de bois. La taille des fours et la masse importante des scories retrouvées indique une grande production de fer.

 

Vie quotidienne - DSC02728

Photo de l’auteur publiée avec l'autorisation des Musées de Sens

 

En plus du pays d'Othe et de la Puisaye, les différentes fouilles ont révélé d'autres centres autour de Sens : Paron, Villeneuve-sur-Yonne, Mâlay-le-Grand, Marsangy et Vallery. Seules l'extraction et la fonderie étaient réalisées sur place, la fabrication de vaisselle, armement et autres ustensiles étant faite ailleurs (1). Pour Michel MANGIN (10) il faut chercher les forges dans les agglomérations que ce soit pour la fabrication des objets, ou pour leurs réparations. Dans sa conclusion, il parle des Sénons comme étant un véritable « peuple de métallurgistes ».

 

Sources
  1. Augusta HURE, « Le Sénonais aux ages du bronze et du fer. Les Sénons d'après l'archéologie », Culture et Civilisation à Bruxelles, 1978

  2. Pierre PARRUZOT, « Sens », 1971

  3. Joël SCHMIDT, « Les Gaulois contre les Romains », collection Tempus n°311, éditions Perrin, 2010

  4. TITE-LIVE, « Histoire Romaine », traduction nouvelle, éditons Garnier-Flammarion à Paris, 1995

  5. Jules CESAR, « La Guerre des Gaules », traduction de L.-A.CONSTANS, chez Folio Classique n°1315, août 2010.

  6. Camille JULLIAN, « Histoire de la Gaule » en 6 volumes parus de 1908 à 1920 chez Hachette à l'origine. Toujours en vente dans d'autres éditions.

  7. Henri BEIS, « Étude sur la détermination du territoire des Sénons », Bulletin de la Société Archéologique de Sens, tome XXXIV, 1925

  8. Bertrand DEBATTY « Les limites de la cité gallo-romaine des Sénons », Hypothèses 1/2004 (), p. 85-94. URL : www.cairn.info/revue-hypotheses-2004-1-page-85.htm.

  9. Pierre-Yves LAMBERT, « La langue gauloise, description linguistique, commentaires d'inscriptions choisies », éditions Errance, 2003.

  10. Christophe DUNIKOWSKI et Sandra CABBOI, « La sidérurgie chez les Sénons : les ateliers celtiques et gallo-romains des Clérimois » - Archéologie préventive sur le tracé des autoroutes A5-A160, éditions de la Maison des Sciences de l'Homme à Paris, 1995

  11. Michel MANGIN, « Le travail du fer – Dans les villes et les campagnes gallo-romaines », Dossier d'Archéologie hors série n°11 de décembre 2004.

 

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16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 10:11

La première évangélisation de Sens est attestée au IIIe siècle et non pas au 1er siècle comme l'affirme Geoffroy de COURLON (1), moine bénédictin et abbé de l'Abbaye Saint-Pierre-le-Vif de Sens en 1240. La tradition veut que SAVINIEN soit arrivé à Sens venant de Rome avec plusieurs autres prédicateurs du christianisme dont POTENTIEN, ALTIN, EODALD et SEROTIN.

 

Arrété par le gouverneur SEVERE surnommé Gallus, SAVINIEN est battu puis envoyé au supplice (2). Joseph PERRIN (3) fait remonter son décès à la fin du IIIe, début du IVe siècle, et Marc LACROUTS (4) précise qu'il n'a pas pu intervenir avant 240. Malheureusement les actes primitifs ont disparus. Je retiens la période qui va de 249 et 313, de l’empereur DECE qui avait multiplié le nombre de persécutions en Gaule, jusqu'à l’Édit de Milan dit de Constantin qui reconnaît officiellement la religion chrétienne

 

Basilique Saint-Savinien de Sens 

Cette église romane datée de 1068 a été très probablement construite sur les restes de la première église de Sens. A l’intérieur des murs de la ville se trouvait un temple dédié à Mercure qui a précédé les trois églises, et au XIIe siècle la cathédrale Saint-Étienne.

 

SENS - Martyr de Saint-Savinien

Carte postale ancienne éditée au début du XXe siècle

Sens ancien – Martyr de Saint-Savinien dans la crypte de l’Église du même nom. Saint Savinien constitue Saint Potentien, évêque de Troyes ; au fond de la crypte, les bourreaux apparaissent venant pour le tuer.

 

Dans la crypte, la pierre du martyr utilisée comme autel comporte une tache rouge qui a toujours été vénérée comme étant le sang du Saint Homme. De chaque côté de l'autel, un coffre en pierre aurait contenu les ossements de Savinien et de ses compagnons.


DSC04626

 

Le reliquaire contient une partie de son crane.

 

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Stèle funéraire gallo-romaine provenant d'un praedium primitif réemployée dans la constrution du martyrium chrétien.

 

DSC02878

 

Saint-Savinien dans la cathédrale Saint-Étienne de Sens

 

La chapelle axiale du chœur est dédiée aux Saints Savinien et Potentien premiers apôtres de Sens, dont les reliquaires entourent l'autel.

 

DSC00550

 

Au dessus de l'autel, un groupe de stucs a pour fond un lourd rideau de maçonnerie représentant le martyr de l’Apôtre du sénonais, exécuté en 1772 par Jean-François Hermand.

 

SENS - Le mathyr de Saint-Savinien

 

Les vitraux entourants ce rideau du martyr présentent huit panneaux hagiographiques répartis sur deux des lancettes, trois sur celle de gauche et cinq sur celle du milieu au dessus du rideau maçonné (5)(6)


SENS - Cathédrale Saint-Etienne - Vitrail du Martyr de Sai 

 

Saint-Savinien est fêté le 31 décembre

 

Pour visiter la Basilique et la Cathédrale, il est nécessaire de se renseigner à

Office de Tourisme du Sénonais

Place Jean Jaurès - 89100 SENS

Téléphone : 03.86.65.19.49

Télécopie : 03.86.64.24.18

E-mail : otsi.sens@wanadoo.fr



Sources

  1. Geoffroy de COURLON, « Chronique de l'Abbaye Saint-Pierre-le-Vif de Sens », texte et traduction publiés au nom de la Société Archéologique de Sens par M.G.JULLIOT, 1870

  2. Abbé BOUVIER, « Histoire de l’Église et de l'Ancien Archidiocèse de Sens », tome 1, Poulain-Rocher à Sens, 1906

  3. Joseph PERRIN, « Le martyrium de Saint-Savinien », premier évêque de Sens, Bulletin de la Société Archéologique de Sens, tome XXXI, 1917

  4. Marc LACROUTS, « L’antique basilique Saint-Savinien à Sens », Association La Savinienne, 2005

  5. Abbé BRULLEE, « Description des verrières de la cathédrale de Sens », Bulletin de la Société Archéologique de Sens, tome 7, 1861

  6. Claire PERNUIT, « Entre texte et image, enquête sur les vitraux historiés du XIIIe siècle de la cathédrale Saint-Étienne de Sens », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA [En ligne], 14 | 2010, mis en ligne le 14 octobre 2010. URL : http://cem.revues.org/index11639.html

 

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 13:30

Ce matin là, nous venions de quitter le pays des Sénons pour entrer en territoire Eduens, aujourd'hui situé dans le sud du département de l'Yonne, pour nous rendre sur le site des Fontaines-salées, maintenant sur la commune de Saint-Père-sous-Vézelay Vercellacus.

Notre route reprenait par endroit le tracé de la voie Agrippa, célèbre route reliant Lyon Lugdunum à Boulogne-sur-Mer Gesoriacum. Nous venions de passer à proximité du camp de Cora à Saint-Moré auquel nous consacrerons ultérieurement un article.

 

Il faut remonter au néolithique final (2 300 avant J-C) pour trouver trace d'exploitation du sel. Les structures de captage sont quasi-intactes. Le captage d'eau minéral était réalisé au moyen de troncs de chênes évidés. Ce puits est vieux de 4 500 ans. Sa datation comme pour celle des autres a été obtenue par le carbonne 14.


21 - Captage d'eau minéral réalisé au moyen de troncs de

 

A l'âge du fer (entre 1500 et 100 environ avant J-C) l'activité continue et s'organise. Des sources d’eau minérale sont captées et aménagées. Des cuvelages en bois sont mis en place pour isoler l’eau salée des eaux douces de la rivière la Cure. Cette technique consiste à évider de gros chênes pour en faire des canalisations, qui rendues étanches, sont descendues dans chacun des puits par tronçons d'environ 1 m de haut sur 80 cm de diamètre.

 

Le sanctuaire

Au 1er siècle avant J-C, les captages sont entourés d’une enceinte circulaire qui officialise le caractère sacré de l'endroit. Dans cet espace de 34 mètres de diamètre, il n'y avait que le bassin, mais point de temple. On peut établir un parallèle avec le site d'Aquis Segeste à Sceaux-de-Gâtinais que nous avons vu lors d'un article précédent où le bassin est seul au milieu de l'enceinte sacrée.

 

Fontaines salées - Le sanctuaire

 

Fontaines salées

 

Des tas d'ex-voto sous forme de pièces de monnaies ou de petites statuettes ont été retrouvés dans ces puits. On peut en admirer de nombreux exemplaires au musée situé à côté de l'église de Saint-Père.

A l'arrivée des romains en Gaule, on dénombrera 19 puits d'eau chlorurée sodique. qui vont constituer l'alimentation des futurs thermes.

 

Les thermes

Au 1er siècle après J-C, les gallo-romains édifient des thermes sur ce site qui seront agrandis au IIe siècle et utilisés jusqu’à leur destruction, probablement vers 275.

Ils s'inscrivaient dans un carré d'environ 54 mètres de côté. Ils étaient alimentés par les sources attenantes. Il est fort probable qu'un système hydraulique supplémentaire avait été mis au point pour l'amenée des eaux jusqu'aux thermes. Elles étaient exploitées pour leurs vertues curatives.

 

Qu'ils soient privés ou publics, les thermes sont tous constitués, au détail près, des mêmes salles et mêmes bains :

  • l’apodyterium : le vestiaire,

  • le sudatorium : la salle de transpiration;

  • le caldarium : le bain chaud par aspersion ou immersion;

  • le tepidarium : le bain tiède,

  • le frigidarium : le bain froid,

Vestiaire circulaire apodyterium, chauffé par des conduites rayonnantes pour la circulation de l'air chaud avec au premier plan les latrines.

 

Fontaines salées - Au premier plan, les latrines - DSC04141

 

5 - Vestiaire circulaire (apodyterium), chauffé par des co 

Le palestre est une sorte de cour entourée de portiques destinée aux exercices gymniques

 

Fontaines salées - Palestre, sorte de cour destinée aéux exercices gymni

 

Salle de bains chauds caldarium monté sur hypocauste hypocaustrum

 

Fontaines salées

 

Pilettes de l'hypocauste

 

Fontaines salées - Pilettes de l'hypocauste - DSC04156

 

Salle de bains froid frigidarium

 

Fontaines salées - Salle de bains froid (frigidarium) - DSC04150

 

Vaste vestiaire du bain des femmes donnant accès aux cabines destinées aux soins de beauté

 

Fontaines salées

 

Thermes du sud réservés aux femmes et chauffés dont le fond est intégralement en place, reposant sur 72 pilettes de briques carrées

 

13 - Thermes du sud réservé aux femmes et chauffée dont

 

Un habitat agricole

Cet édifice était peut être un temple à l'origine. Comme tout le site, il subit les destructions des  invasions de la fin du IIIe siècle. Il est utilisé ensuite comme habitat agricole jusqu'au début du Ve siècle.


DSC04138 

 Cet article ne présente qu'un tout petit aperçu du site. Pour les amateurs d'antiquité, la visite du site et du musée ne sont à rater sous aucun prétexte !!!

 

Il est préférable de téléphoner avant toute visite au

Site archéologique des Fontaines Salées et Musée

Route de Pierre-Perthuis
89450 Saint-Pere-sous-Vezelay

Tél : 03 86 33 37 31

.

 

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7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 10:15

Comme annoncé dans le premier article de ce blog, il nous arrive de faire quelques escapades hors du département de l'Yonne mais en restant toujours dans le pays Sénon.


Ce matin là, nous avions décidé de suivre le chemin de César au départ de Sens pour nous rendre à Sceaux-du-Gâtinais à quelques dizaines de kilomètres dans le département voisin du Loiret. Cet axe a été baptisé ainsi par les érudits des siècles passés, mais il s'agissait en fait de la première route transversale est ouest qui partait probablement de Trèves.

 

Carte de la Senonie

En vert, le chemin de César

 

La « table de Peutinger » établie au XIIIe siècle serait la copie d'une ancienne carte romaine. Elle situe Aquis Segete parmi les villes importantes de l'Empire.

 

Extrait de la Table de Peutinger

 

Le site archéologique d'Aquis Segeste est situé au lieu dit Le Préau du hameau de La Rivière. Ce nom est né au VIe siècle de l'évolution du nom latin Aquae Segetae, sanctuaire thermal dédié à Segeta ou Segesta, déesse gauloise de la guérison. Ce nom éponyme aurait pour racine « Seg », forme celtique qui signifie « force ». Il semblerait que Segeste formait un duo avec Apollon, une statuette de ce dieu ayant été retrouvée à proximité.

 

La ville

Elle était considéré comme une « cité secondaire ». Elle s'étendait sur 25 ha et comprenait, outre l'enceinte sacrée, une agglomération avec ses commerçants et artisans, un fanum ou temple, des thermes et un théâtre qui pouvait contenir environ 6 000 spectateurs. C'était l'une des 52 villes d'eau de l'empire romain et un lieu de pèlerinage important.


Aucune date précise n'est avancée pour la construction de la cité par les romains. On peut la situer néanmoins entre 52 avant J-C et la fin du premier siècle de notre ère. Comme il était d'usage à cette époque, ils construisaient une ville nouvelle à coté d'une agglomération déjà existante à la fin de l'âge de fer appelée aussi 3ème Tène.

 

L'enceinte sacrée

On doit les premières fouilles à l’Abbé COSSON à partir de 1868. Il faudra attendre 1964 pour qu'une équipe d'archéologues dirigée par Michel RONCIN mette au jour l'espace cultuel de la cité gallo-romaine. C'est un vaste périmètre de 125 m de long sur 75 m de large bordé de murets et d'une galerie marchande avec colonnade sur deux de ses côtés.

 

DSC03984 - L'enceinte sacrée

 

Le Nymphée

C'est un bassin polylobé excentré dans cette immense cour. C'est la première fois que nous sommes en présence d'une telle forme. Doit-on y voir un symbole, mais lequel ?

 

2011-07-09 140144 

 

  DSC03996

 

  DSC03973

 

DSC03977

 

Un ex-voto trouvé sur le mur du bassin cultuel précise : « A l'auguste déesse SEGETA TITUS MARIUS PRICINUS s'est acquitté de son vœu avec bonne grâce. A pris soin de réaliser MARIA SACRA sa fille »

 

Aquae Segetae

 

Statuettes offrandes votives.retrouvées dans le fond du nymphée

 

DSC04007

 

Tête d'enfant retrouvé également dans le nymphée


DSC04010 

Il semblerait qu'une grande partie des pèlerins étaient des femmes venant implorer ou remercier la déesse pour des problèmes de stérilité ou postnatal.

 

Les boutiques

Selon notre guide plusieurs genres de commerces ont été identifiés lors des différentes fouilles. L'emplacement de la boutique de droite sur la photo ci-dessous correspondrait probablement au « cabinet » d'un oculiste romain ou gallo-romain. L’œil était considéré à cette époque comme le reflet de l'âme et un élément de spiritualité. Une place importante était réservée aux soins des yeux. 

Deux autres commerces relevés par les archéologues seraient ceux d'un bronzier et d'un tabletier.

 

DSC03994

 

Dans l'aile ouest a été identifié un local qui aurait pu être un entrepôt de nourriture. A l'arrière des constructions, à gauche sur la photo ci-dessous, un bac maçonné aurait pu être un vivier pour la conservation du poisson. 

 

DSC03988

 

Les commerces installés dans cet enclos sacré avaient tous un rapport avec le bienêtre des pèlerins et la dévotion portée à la déesse. On peut imaginer la présence d'un fabricant de statuettes ex-voto comme celles représentées sur la photo ci-dessus.

 

Le reste de la ville est toujours présent sous les champs environnants. Depuis 150 ans, des fouilles ont été réalisées sur les sites du théâtre, du temple, des thermes et de l'agglomération. Elles ont permis aux archéologues d'établir une carte de l'ensemble du site.

 


Le Musée

En cette fin juin 2011, le musée des antiquités de Montargis a fermé ses portes. De très nombreuses pièces du mobilier archéologique d'Aquis Segete sont en caisse pour un retour prochain. Un projet de construction de musée est à l'étude non loin du site. Dès que nous en saurons plus, nous ne manquerons pas d'en parler ici-même.

 

Classements

- Classement aux Monuments historiques par arrêté du 9 décembre 1986

- Référence base Mérimée : PA00099018

 

Documents consultés

 

  1. Roger DUPRE avec le concours du Groupe Histoire & Archéologie du Foyer Rural de Château-Landon,de la Communauté de Commune des Quatre Vallées et de l'Association SEGETA, Sceaux-du-Gâtinais – Un Passé de Prestige, Segeta 1997
  2. Lantier Raymond. Les Eaux et leur culte en Gaule. In: Journal des savants. 1962, N°3-4. pp. 227-236. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jds_0021-8103_1962_num_3_1_1036

 

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Présentation

  • : Sens et le Sénonais antique et médiéval
  • : Histoire et Archéologie antique et médiévale d'un territoire immense constitué par les départements de l'Yonne, de la Seine-et-Marne, et d'une partie du Loiret et de l'Aube. Sa capitale s'est appelée successivement Agedincum, Senones, puis SENS.
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